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COUDE

Rupture du tendon du biceps distal

Sur le plan épidémiologique, la rupture distale du tendon du biceps est considérée comme un événement rare, représentant environ 10% de toutes les ruptures du biceps. Elle affecte dans 86% des cas le bras dominant, et dans 93% des cas les hommes. Elle est aussi plus commune chez les individus dans la quarantaine.

Qu’est-ce que c’est ?

Anatomiquement, il existe différents types ou degrés de lésions du tendon distal du biceps. Les deux principaux types de lésions sont l’avulsion complète du biceps distal qui désigne le détachement complet du tendon de son point d’attache, et l’avulsion partielle distale qui se produit principalement du côté radial.

Facteurs de risque, symptômes et diagnostic

Plusieurs facteurs de risque contribuent au développement de la rupture du tendon distal du biceps. L’un de ces facteurs est l’utilisation de stéroïdes anabolisants, qui ont été associés à un risque accru de blessures aux tendons. Le tabagisme joue également un rôle important, les fumeurs ayant un risque 7,5 fois plus élevé par rapport aux non-fumeurs. D’autres facteurs de risque existent comme l’hypovascularisation, caractérisée par une réduction de l’apport sanguin au tendon, la dégénérescence intrinsèque et le conflit mécanique dû à un espace limité disponible pour le tendon.

Son étiologie implique divers facteurs. Le mécanisme principal est l’application d’une tension excentrique excessive sur le tendon lorsque le bras est déplacé de force d’une position fléchie à une position étendue. Ce mouvement soudain et puissant place le coude fléchi sous une contrainte importante, remettant en cause sa stabilité et pouvant entraîner la rupture. Un autre facteur contributif est l’absence d’un apport sanguin suffisant, ce qui le rend plus vulnérable aux blessures. De plus les mouvements répétitifs de pronosupination de l’avant-bras peuvent provoquer une abrasion et une usure du tendon, ce qui peut l’affaiblir avec le temps. Rarement, la rupture du tendon distal du biceps peut être associée à des symptômes de compression du nerf médian, due à leur proximité, ce qui peut entraîner une compression ou une irritation du nerf, provoquant des symptômes tels que la douleur, un engourdissement ou une faiblesse dans la main et l’avant-bras.

Cliniquement, les patients rapportent souvent avoir ressenti une sensation douloureuse de claquage après avoir chargé le coude de manière excentrique de la flexion à l’extension. Les principaux symptômes associés à cette blessure sont la faiblesse et la douleur, principalement ressenties pendant la supination. Lors de l’examen physique, l’inspection visuelle et la palpation sont importantes, il peut y avoir un degré variable de rétraction proximale du corps musculaire, entraînant une modification du contour du muscle. La présence d’ecchymoses médiales peut également être observée. Un défaut palpable du tendon est souvent apprécié, indiquant l’absence du tendon du biceps à son site d’attache habituel. L’examen moteur révèle des schémas spécifiques de perte de force : il y a généralement une plus grande perte de force de supination par rapport à la flexion, avec une réduction de 50 % de la force de supination soutenue, 40 % de la force de supination et 30 % de la force de flexion.

Évaluation de l’intégrité du tendon

Des tests de provocation peuvent être effectués pour évaluer l’intégrité du tendon. Le test du crochet est couramment utilisé, où le patient est invité à fléchir activement le coude à 90 ° et à supiner complètement l’avant-bras, l’examinateur utilise ensuite son index pour accrocher le bord latéral du tendon du biceps. Avec un tendon intact ou partiellement déchiré, l’examinateur peut insérer son doigt à environ 1 cm sous le tendon. Cependant, des résultats faussement positifs peuvent survenir en cas de déchirures partielles, d’aponévrose bicipitale intacte (une bande fibreuse liée au biceps) ou de présence du tendon du muscle brachial sous-jacent. Un autre test est le test de Ruland de compression du biceps (squeeze test, l’équivalent du test de Thompson pour la rupture du tendon d’Achille), où le coude est maintenu à 60-80° de flexion avec l’avant-bras légèrement en pronation. Une main stabilise le coude tandis que l’autre serre le corps du biceps distal. Le test est positif en l’absence de supination de l’avant-bras ou du poignet. Malgré l’utilité de ces tests, le réel défi est la distinction entre les déchirures complètes et partielles, car le tendon peut être palpable en cas de rupture partielle, conduisant à un tableau clinique similaire.

L’examen radiologique implique généralement des radiologies standards et la résonance magnétique. Les radiographies, bien que souvent normales, peuvent révéler une avulsion osseuse de la tubérosité radiale, indiquant une blessure associée. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) joue un rôle crucial. Pour optimiser sa sensibilité, elle est généralement réalisée avec le coude en flexion, l’épaule en abduction et l’avant-bras en supination, ce positionnement permet une meilleure visualisation et évaluation du tendon et des structures environnantes. Elle est particulièrement importante pour faire la distinction entre une déchirure complète et une déchirure partielle du tendon. Elle peut également différencier les lésions impliquant le corps musculaire lui-même et celles affectant le tendon. Enfin elle est aussi utile pour déterminer le degré de rétraction du tendon, cette information étant importante pour la planification chirurgicale, car une plus grande rétraction peut nécessiter différentes techniques de réparation ou de reconstruction

Traitement de la rupture du tendon du biceps distal

Les options de traitement comprennent des approches conservatrices (non opératoires) et chirurgicales. La prise en charge conservatrice implique un traitement de soutien suivi de physiothérapie. Cette approche est généralement envisagée chez les personnes âgées, les patients peu demandeurs ou sédentaires qui sont prêts à accepter une certaine perte de fonction. Dans les cas où l’aponévrose bicipitale est intacte, les déficits fonctionnels peuvent être minimisés. Cependant, il est important de noter que cette prise en charge entraîne toujours des déficits de force importants. Ces patients peuvent s’attendre à une réduction de 50 % de la force de supination soutenue, de 40 % de la force de supination, de 30 % de la force de flexion et de 15 % de la force de préhension par rapport à l’autre bras.

L’intervention chirurgicale est généralement recommandée pour les personnes qui souhaitent restaurer leur force et leur fonction, en particulier les patients jeunes qui ont des exigences physiques élevées ou qui participent à des activités nécessitant un muscle compétent. Elle est aussi indiquée en cas de rupture partielle ne répondant pas au traitement conservateur. La réparation ou la reconstruction du tendon vise à restaurer la continuité anatomique jusqu’à son site d’insertion sur la tubérosité radiale, permettant ainsi un gain de fonction du tendon. Il existe différentes techniques chirurgicales disponibles, comprenant des approches à une seule et à deux incisions. Le timing du traitement chirurgical est crucial, il est généralement recommandé d’effectuer la chirurgie dans les quelques semaines suivant la blessure. Retarder l’intervention au-delà de ce délai peut compliquer la procédure et rendre impossible une réparation primaire simple. En cas de rupture subaiguë ou chronique, une approche chirurgicale plus étendue peut être nécessaire, cette approche permet de récupérer le tendon rétracté et cicatrisé, facilitant ainsi la réussite de la réparation. Ces ruptures peuvent également être traitées avec succès par réparation directe, sans avoir besoin d’une allogreffe (tissu transplanté), cependant au cours de l’intervention, le coude peut avoir besoin d’être hyper-fléchi pour obtenir une fixation correcte du tendon, et il est important de noter que l’hyperflexion du coude n’entraîne pas de perte d’amplitude articulaire ni de contracture. La prise en charge chirurgicale conduit généralement à de meilleurs résultats fonctionnels et à une probabilité plus élevée de restauration d’une force proche de la normale par rapport à la prise en charge conservatrice.

Complications possibles

Des complications peuvent survenir, la plus courante étant la lésion du nerf cutané antébrachial latéral, avec une incidence d’environ 9 %. Cette complication est souvent associée à une rétraction trop agressive pendant l’intervention chirurgicale, et elle est plus fréquente lorsqu’une technique à incision unique est utilisée. Une autre lésion nerveuse possible est celle du nerf interosseux postérieur, de même plus fréquemment observées avec la technique à une seule incision, avec une incidence de 1 à 2 %. Ces deux blessures se résolvent généralement en 3 à 6 mois. La lésion superficielle du nerf radial est aussi possible avec une incidence de 2 à 3 %. L’ossification hétérotopique (formation anormale d’os dans les tissus mous) peut se produire si la membrane interosseuse et le périoste ulnaire sont perturbés pendant la chirurgie. Cette complication est plus souvent associée à la technique à deux incisions. La synostose (fusion des os adjacents), peut aussi survenir. Des fractures du radius proximal sont également possibles, en particulier lors de la création de grands tunnels ou lorsqu’ils sont situés à proximité de la tubérosité radiale. Enfin la rupture de suture est une complication potentielle de la méthode du tunnel osseux.